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L'hospitalisation

 L’hospitalisation est parfois un passage obligé pour s’en sortir. Certes, elle est parfois mal vécue, imposée, subie, mais avec du recul, je sais que c’est grâce à ces multiples hospitalisations que je suis toujours en vie aujourd’hui !

 

Ce qui est important, c’est d’être soignée dans un service adapté.

 

 Je me suis retrouvée internée dans un asile où l’on ne traite pas l’anorexie. Personne ne surveillait mes repas, je ne voyais la psy qu’une fois par mois juste pour m’entendre dire : « tu as encore tant de Kg à prendre », « c’est pas assez ! » ou « on parlera quand tu feras le poids ». J’étais droguée avec un fort traitement qui me faisait dormir toute la journée, perdre la capacité de réfléchir et me faisais baver comme une loque qui ne pense plus à rien.

Dans ce cas, évidemment, difficile d’imaginer que l’on puisse aller mieux !

 

Bien sûr, il n’y a pas de soin type, de traitement universel de la maladie car il n’y a pas UNE Anorexie, mais autant d’anorexies que de personnes touchées !

 

Il y a des hôpitaux avec des soins et des procédés qui conviennent pour certains et pas pour d’autres !

 

Tout comme il y a des psychiatres, médecins et infirmiers avec qui on se sentira bien et d’autres où le contact ne passera pas ! Cela varie pour chaque patient.

 

Enfin, il y a les paramètres personnels qui sont importants : Dans quel esprit vais-je à l’hôpital ? Parfois, on n’est pas prêt à prendre du poids et parfois on n’est pas prêt à vouloir guérir. Parfois, on veut s’en sortir, mais on ne veut absolument pas grossir.

 

Bref, pour qu’une hospitalisation se passe bien, il y a 3 paramètres à réunir :

 

-         L’hôpital et le traitement adapté

-         Des médecins avec qui on se sent bien

-         Etre prête à guérir

 

Parfois, pour réunir ces paramètres, il faut plusieurs tentatives dans différents lieux à différentes périodes de la maladie. Et ce n’est pas un échec si l’on rechute !

 

Pour ma part, j’ai vécu toutes sortes d’hospitalisations :

 

-         imposée, mal vécue mais qui m’a sortie de l’état critique et donc sauvé la vie

-         voulue, mais pas prêtre à grossir

-         acceptée, mais mauvais feeling avec le psy

-         acceptée, mise en confiance avec le médecin mais pas encore prête à guérir

-         Et enfin, acceptée, avec un médecin qui m’aide et me rassure, l’envie de guérir et prête à lâcher prise

 

Et là, c’était ma dernière hospitalisation. Depuis, je n’ai jamais posé le pied sur une balance et je n’ai jamais eu de rechute.

 

Comme quoi, c’est un vrai jeu de patience et il ne faut pas se décourager !


Le protocole type :


-         Notre Médecin généraliste nous conseille un service hospitalier où prendre contact

-         Rendez-vous avec le médecin chef à l’hôpital pour se rencontrer et fixer une date d’hospitalisation

-         Entrée dans le service

-         Mise en place d’un contrat avec le Médecin chef

-         Surveillance de l’alimentation et du poids

-         Entretiens réguliers avec le psychiatre

-         Soins et activités thérapeutiques

-         Préparation à la sortie

-         Sortie

-         Suivi après la sortie

 

Qu’est-ce qu’un contrat fixé avec le médecin chef ?

 

Et bien quand on arrive pour le premier jour de l’hospitalisation, on discute d’un contrat de confiance avec le médecin. Généralement, on fixe un poids à atteindre pour sortir, mais aussi des « échelons » intermédiaires pour nous aider à avancer ( tant de Kg  pris = autorisation de se lever, puis de sortir de la chambre, de recevoir et/ou donner des coups de fil, avoir des visites, avoir le droit de sortir les après-midi hors de l’hôpital dans les heures de visite, avoir des permissions, puis enfin quitter l’hôpital ).

 

Ca parait un peu barbare comme le coup de la carotte pour faire avancer l’âne, mais quelque part, même quand on veut s’en sortir, on accepte difficilement la prise de poids et on a besoin d’être poussé au début. Car c’est les premiers jours le plus dur, et si on accepte les repas rapidement, c’est plus simple ensuite.

Moi-même, et je prends en exemple ma dernière hospitalisation, j’avais peur de la prise de poids, mais je prenais les repas et je pleurais après. Mais du coup, la psy voyait à quel point c’était dur et elle m’aidait beaucoup, elle savait que le plus dur n’était pas de manger et prendre du poids, mais de s’accepter avec.

 

Et puis, c’est bien, à un moment donné, de faire une séparation avec son contexte habituel et familial pour s’occuper de soi et de prendre du poids et manger. Car pour moi, remanger et prendre du poids dans sa famille, c’est un peu comme être à poil, on a besoin d’intimité pour ça ! Et l’hôpital, c’est le refuge idéal pour se retaper tranquillement.

 

Parfois, et je l’ai vécu plusieurs fois, le médecin décide de nous soigner avec une sonde nasogastrique. C’est un tuyau que l’on passe par le nez et qui va jusque dans l’estomac. On y  pose des poches de produits protéinés pour nous aider à prendre du poids. La sonde est préconisée uniquement dans les cas extrêmes pour nous sortir du danger de mort. Parfois, on la déteste car elle contrôle tout à notre place, et d’autre, elle nous rassure quand on ne veut pas mourir mais qu’on arrive pas à manger.

Malheureusement, il y a des médecins qui ne l’ont pas compris et qui estiment que quand on mange et que l’on a repris le poids, on est guéris. Et c’est faux, absolument faux !!! Le plus dur c’est l’après ! d’où mes diverses rechutes parce qu’on me laissait sortir dès que le poids était repris mais avec un poids énorme dans le cœur et l’esprit !

 

Aussi, l’hôpital, ce n’est pas toujours l’enfer ( ne l’oublions pas, l’enfer, c’est la maladie !) J’ai eu de belles expériences et de bons souvenirs de certaines de mes hospitalisations. On n’est pas complètement seuls, il y a d’autres patients comme nous et on se fait des amis avec qui on partage beaucoup. Et Dieu sait qu’on est proche quand on passe plusieurs mois ensemble !

Et puis, il y a les activités thérapeutiques (dessin, relaxation, jeux, bricolage, peinture, cuisine, etc…), il y a les parties de rigolades, même avec les infirmiers ( durs sur le protocoles, mais très gentils dans l’écoute et le partage ).

 

Moi, un jour, mon infirmière référente m’a fabriqué une robe en crépon car je rêvais d’être une princesse.

Et le jour où comme gage, je me suis retrouvée habillée dans la baignoire du service.

Ou encore, le jour où un infirmier m’a fait danser sur la chanson de titanic !

Et j’en passe et des meilleures !

 

Pour résumer, l’hôpital, c’est les pleurs, les peines, l’angoisse de la prise de poids, le mal-être et les contrats, les pesées, les privations sans oublier les crises quand on ne finis pas son repas, mais c’est aussi et surtout le soutien, le cocon rassurant, les rencontres, les sourires et les rires, les bons moments et la capacité d’oublier la maladie quand on rit avec les autres patients et les infirmiers.

 

Voilà, je souhaite que ce petit descriptif vous aidera à dédramatiser ce passage très difficile qui est d’accepter d être hospitalisé !

 

 

 

 

 

 

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